TOY STORY 2 / PRINCES ET PRINCESSES

C'est bien connu : quand les enfants (et les adultes) ont le dos tourné, les jouets s'animent. Ce vieux motif de la littérature enfantine : Andersen, Collodi…, et du dessin animé : Grimault, Disney dans Pinocchio mais aussi certaines Silly symphonies des années 30 inspire à nouveau les successeurs de ce dernier. Avec Toy Story 2, lasseter donne suite à Toy Story et l'on retrouve la même chambre d'Andy peuplée par les mêmes jouets. Dans ce nouvel opus, comme dans le premier, l'utilisation de l'image de synthèse rend parfaitement l'aspect lisse des objets en matière plastique que sont Woody, Buzz et compagnie. Les jouets peuvent donc prendre vie… et ceci est chose faite grâce à l'intelligence du découpage : deuxièmes plans passant du flou au net, plongées et contre-plongées, champs/contre-champs, plans longs ou montage effréné… autant de procédés utilisés pour dramatiser la situation ou rendre émouvant les personnages virtuels. Un seul regret peut-être, tout n'est pas filmé à hauteur de jouet (20 cm du sol environ). C'était déjà le cas dans Toy Story lorsque Woody et Buzz étaient confrontés à Sid, dans Toy Story 2 une place importante est accordée au méchant vendeur de jouets ; or les humains sont moins réussis visuellement. Détail, car on s'attache (là est l'essentiel) à ces jouets qui ont peut d'être abandonnés par les enfants et de prendre leur retraite éternelle au fond d'un carton. Nostagie de l'enfance, peur de la mort, nous sommes presque dans le métaphysique. Mais tout cela est contrebalancé par un humour constant (en réfé rence au premier volet mais aussi Star Wars, 2001…) qui rappelle le meilleur d'Aladdin.

A la technologie déployée dans Toy Story 2, répond la simplicité de Princes et Princesses de Michel Ocelot. Parfaitement calibré pour la T.V., mais refusé par celle-ci à l'époque où le Club-Dorothée faisait encore rage, il s'agit d'un miracle de fine fantaisie. Entièrement élaboré au pochoir et carton découpé, ce film en ombre chinoise se réclame de ce que l'on a coutume d'appeler la peinture primitive : fresques de l'ancienne Egypte, estampes d'Hokusaï, gravures du Moyen-âge. Alors que Toy Story cherche à rendre vrais, réels, des personnages imaginaires, Princes et Princesses revient à l'archétype du conte : puisqu'il s'agit toujours d'un prince et/ou d'une princesse, les personnages ne sont que des figures, des silhouettes. Et à la vivacité du premier, s'oppose la lenteur du second. Pourtant humour et émotion participent aussi de l'alchimie, et Ocelot a su trouver une tonalité subtile en les mélant constamment grâce à un véritable travail au niveau de la voix des doubleurs : ceux-ci adoptent le plus souvent un ton de joyeuse mélancolie. Ocelot apparaît comm le digne successeur de Grimault, il est après lui le nouveau nom du dessin animé en France. Après le succès de Kirikou, souhaitons qu'il continue à nous charmer de ses étoffes dont il fait les rêves.

David Lagain

 

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