FESTIVAL
PREMIERS PLAN 2000 - ANGERS (49)
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Pour sa douzième édition, le festival européen du premier film a permis, une fois de plus, de faire découvrir au public les futurs grands cinéastes de demain.
Le festival fut ouvert le 21 janvier par Agnès Varda, présidente du jury cette année, à ces côtés Anna Thomson, comédienne américaine que l'on a pu voir, entre autre, dans Recherche Susan désespérément, Sue perdue dans Manhattan ainsi que dans Bird et Impitoyable de Clint Eastwood ; Laetitia Masson, réalisatrice française qui vient de terminer son troisième long métrage avec Johnny Hallyday et Sandrine Kiberlain, Love Me ; Asaf Dzanic, écrivain et critique de cinéma bosniaque qui porte également le rôle actuel de ministre adjoint de la culture en Bosnie-Herzégovine ; Jean-Claude Vannier, compositeur pour de nombreux artistes (Barbara, Bashung, Jane Birkin, Johnny Hallyday, etc…) et pour le cinéma ; et Dinara Droukarova, comédienne russe. Bref, un jury composé de personnalités d'horizons différents… un bon jury mais, à mon humble regret, beaucoup moins jovial que l'an passé : sûr qu'il est dur de tenir la comparaison avec Benoît Poelvoorde !… l'ambiance générale du festival s'en ai ressentie !
Pour rappel, le festival d'Angers prime les premiers films européens dans trois catégories différentes : premier long métrage, premier court ou moyen métrage, premier film d'école. Mais " Premiers plans " ce n'est pas seulement une succession de projections : le festival propose depuis quelques années des rencontres avec les réalisateurs des films en compétition, des lectures de scénarios, une rétrospective thématique qui, cette année, mettait en valeur le cinéma belge (plus de 100 films projetés), un colloque européen sur la culture et le cinéma en Belgique, une thématique " cinéma et adaptation d'œuvres littéraires " avec une vingtaine de films projetés, un colloque sur les techniques numériques et la création cinématographique avec Claude Miller en président de séance, et également les fameuses leçons de cinéma qui ont accueilli un nouveau professeur chaque jour ; pour information : André Delvaux, Luc et Jean-Pierre Dardenne, Agnès Varda, Patrice Gablin, Jean-Claude Vannier, Alain Leblanc et Patrice Hoffmann. Pour dire, un festival bien fourni… Autre particularité de ce festival, à Angers point de barrière comme à Cannes ou à Gérardmer, point de séparation entre public et compétiteur, chacun est logé à la même enseigne ce qui permet à n'importe quel fan de cinéma ou n'importe quel étudiant d'aller au contact d'un réalisateur pour discuter avec lui… On peut presque dire qu'Angers s'est fait coutume de cela. Comme tout festival, pour sa renommé, quelques "stars " sont invitées pour la remise des prix, on a vu cette année Emma De Caunes, Saïd Taghmaoui (La Haine), Emilie Dequenne (Rosetta), Mathieu Demy (Jeanne et le garçon formidable) qui ne sont venus que pour la soirée de clôture. Si cela permet de médiatiser le festival tant mieux… et puis personnellement, autant voir Emma De Caunes que Jeanne Moreau ! …Ce n'est qu'une question de goût !
Cette année, le festival nous présentait également une compétition à part : " 2000 en France ", compétition de courts métrages français produits par la " Mission 2000 en France ". Il ne s'agissait pas de premiers films, c'est pourquoi nous avons trouvé que c'était peut-être là les meilleurs courts métrages du festival. Nous avons entre autre pu découvrir Les Méduses, le troisième film de Delphine Gleize, réalisatrice qui avait remporté l'an passé les grands prix du jury et du public pour le meilleur court métrage avec Sale battars ; le film est d'ailleurs nominé au césar cette année. Delphine étant sortie de la FEMIS, école fortement envisagée par nombreux de nos " collègues étudiants ", nous avons souhaité l'interroger sur son parcours.
MAG
: Que t'a réellement apporté ton passage à la FEMIS ?
DG : J'ai fait la FEMIS en scénario et pas en réalisation. L'année où je suis arrivée, c'est une année où ils reconstruisaient, ils remettaient en place la structure et il y avait de nouveaux intervenants. J'ai eu des gens comme Jacques Audiard, Despleschin, des gens vraiment très très différents… Danièle Thompson… ça m'a vraiment beaucoup apporté, ça m'a permis de rencontrer des gens, d'avoir plusieurs sons de cloches sur des pré-enseignements d'écriture et de construction de scénario et après essayer moi de voir selon mes histoires comment je voulais les raconter, ça m'a libérée vraiment ! ça m'a énormément servi ! En plus de faire des films, maintenant ça me laisse plus libre par rapport à des élèves réalisateurs. Si j'avais été en réalisation, j'aurais peut être moins de désir de faire des films, mais là je tourne beaucoup… Enfin j'ai de la chance, j'ai un producteur qui me suit.
MAG : Est-ce que ça t'a posé des problèmes de réalisation, de ne pas connaître toutes les techniques que l'on apprend justement dans la branche " réalisation " de la FEMIS ?
DG : Avant Sale Battars je me posais deux mille questions sur la direction d'acteurs, sur le cadre et tout… et en fait avec l'aide des techniciens on s'en sort très bien !
MAG : Le fait d'avoir choisi " scénario " ça t'ouvre peut être plus de porte ? DG : Je ne sais pas, par rapport à quoi ?
MAG : Par rapport à quelqu'un qui a fait une section plus technique, image, son ou montage ?
DG : Non, je ne pense pas, c'est différent ; moi, par exemple je n'ai pas le statut d'intermittent… et disons que d'un côté les scénaristes/réalisateurs se doivent de trouver des partenaires pour la production, alors que les " techniciens " sont contactés par les producteurs, le processus est inversé…
MAG : Il y a des mauvaises langues qui disent qu'à la FEMIS, on se fait plus de relations dans le monde du cinéma qu'on apprend de choses, qu'en penses-tu ?
DG : Moi, je vais te dire, je viens du Nord de la France, je ne connaissais personne dans le cinéma et quand je dis personne, c'est personne ! J'ai fait une maîtrise de lettres avant de passer à la FEMIS ; si je n'avais pas eu la FEMIS, je sais pas ce que je ferais ; je ne ferais pas du cinéma parce que je vais pas assez à l'encontre des gens. J'ai une chance inouïe ! ! Après, au sein de l'école, il y a des problèmes de communication qui sont énormes. C'est dû aux élèves mais aussi à la direction. Le manque de communication entre les élèves d' " image ", de " son ", de " réalisation " est important… Mais en même temps, les gens avec qui je travaille maintenant, je les ai rencontrés là-bas. Enfin il y a aussi des gens qui on fait d'autres écoles, ma " chef-op " sort de l'ESAV à Toulouse. La FEMIS est accessible à Bac+2 mais j'ai préféré attendre la licence puis ensuite je me suis dis qu'autant finir le cursus et j'ai passé ma maîtrise de lettres avec un sujet de mémoire orienté sur le cinéma.
MAG : Tu as obtenu le concours du premier coup ?
DG : Oui, j'avais 21 ans, sincèrement, je ne me rendais pas compte. En le passant c'était la seule adresse que j'avais trouvée pour faire du cinéma. Je me suis dit : " je ne l'aurais jamais mais j'essaye quand même ". En fait je n'avais aucune pression, ça passait ou ça cassait ; en même temps c'était mon seul recours. Enfin j'ai eu de la chance.
Simon CHANCEREL et Laetitia COUDERC