HI-LO
COUNTRY / L'ANGLAIS
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Rien de tel pour passer l'été qu'un bon vieux film de genre américain aux clichés détournés, enrichis par de véritables auteurs ! Il y avait de quoi se réjouir à l'idée de voir un western de l'anglais Stephen Frears ou un polar du " prodige " Soderberg. Pourtant, Hi-Lo Country et L'Anglais déçoivent chacun à leur manière.
Le western de Frears, Hi-Lo Country repose sur une idée forte : les derniers cow-boys des années 30 partent à la guerre et ne retrouvent plus, à leur retour, leurs grands espaces qui sont passés aux mains d'hommes d'affaires sans scrupules. De plus, dès le début on nous annonce que tout finira mal (le film est en flash-back). Le problème est que le scénario, qui rebondit de manière à ce que la fin (fatale) ne soit pas celle qu'on attend, sacrifie aux stéréotypes la " contemplation-méditation sur le temps qui passe " annoncée : les deux amis aiment la même femme, les deux frères sont rivaux. Cela pourrait être tragique : le nouvel ordre détruisant les liens qui unissaient les individus (amis ou frères), mais tout n'est finalement qu'esquissé, dans une séquence au bord de l'eau ou de tempête de neige ; alors seulement, dans ces moments là, les clichés prennent corps et vie.
Mais si Frears ne parvient pas toujours à enrichir (tragiquement) les clichés du western, Soderberg, lui, rate son détournement des stéréotypes du polar. A grand coup de flashs-back, flashs-forward et effets de montage expérimentaux (un dialogue filmé, dans sa continuité, dans trois lieux différents), il tente de donner " par la force du style " de l'intérêt à une intrigue ultra-conventionnelle. Soderberg disait avoir regardé en boucle Hiroshima et Marienbad de Resnais avant de monter son film. Cependant, si chez Resnais l'expérimentation a un sens par rapport à l'imaginaire, à la mémoire, dans L'Anglais tout semble vain… et prétentieux à jouer la carte de la modernité avec quarante ans de retard.
David Lagain